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vendredi 16 septembre 2016

Á PROPOS DE LA DÉPRESSION PROFONDE

N’étant ni psychiatre, ni psychologue, ni psychanalyste et n’ayant reçu aucune formation en psychologie, tout ce que je vais écrire ici semblera sans doute banal aux spécialistes. La seule autorité que j’ai en la matière est que je suis passé, et passe encore partiellement, par les états psychologiques que je vais décrire : la dépression.  J’y ai beaucoup réfléchi, de manière intuitive, donc, éventuellement erronée.  Je  ne dirai rien des raisons qui m’ont conduit à cet état,. Ce serait impudique et inutile et n’apporterait rien à ce que je vais tenter d’expliquer. Je dirai simplement que, pour ce qui est de la dépression elle a été très profonde (elle ne l’est plus), liée a des événements précis et aucunement liée à des facteurs génétiques ou biologiques. 

Source de l'illustration


J’ai ressenti la dépression profonde non seulement comme une pathologie, mais aussi comme un état morbide. Je veux dire par là que l’idée du suicide a été présente et même prépondérante. Je n’ai fait aucune tentative. Et n’en ferai jamais en raison d’une promesse que j’ai faite à une personne qui m’est chère (ma fille) et à qui je ne veux faire aucune peine ; et également pour des raisons que j’explique plus bas.
Mais il me semble clair que la dépression profonde est accompagnée de l’idée que la vie, qui n’a pas d’autre sens que d’être, a perdu cette signification. Il ne s’agit pas de réflexions profondément métaphysiques et raisonnablement analysées mais d’une espèce de pulsion vers la vacuité.
Je ne dirais pas, comme on l’entend parfois, que « la vie ne vaut pas la peine d’être vécue ». Je ne le dirais pas car c’est la mort qui, seule, nous appartient en propre puisque c’est la seule chose que personne ne peut faire à notre place, et que la mort n’est qu’une phase de la vie. Il importe donc peu de connaître l’éventuel prix de la vie puisqu’elle nous échappera. Je ne le dirai s pas non plus, car vivre est, à mes yeux, au sens kantien du terme un devoir, ou un impératif catégorique.
Cet état pathologique morbide a eu des conséquences très visibles dans ma vie quotidienne, parmi lesquelles :
  • Le désir d’être seul.
  • Une fatigue constante qui n’en est pas véritablement une, puisqu’elle ne découle d’aucun effort physique ou intellectuel notable.
  • Le désir constant de dormir. Certainement pour deux raisons : pour pallier cette pseudo-fatigue évoquée plus haut et parce que le sommeil est l’oubli de la vie réelle (dans cette phase je ne rêvais pas ou peu, ou ne me souvenais pas de mes rêves).
  • L’inappétence pour quelconque plaisir. En conséquence : ennui profond, perte d’appétit, éloignement de certains amis, etc.
  • Une tendance exagérée à pleurer,
  • Une confiance démesurée dans les traitements chimiques (pilules) suivie d’une grande déception résultant de leur manque d’efficacité à court terme, et d’une négligence des effets secondaires qui ne sont pas négligeables.
  • Etc.

Dans cette période de dépression profonde, je n’ai consulté aucun spécialiste autre qu’un médecin généraliste. Je suppose qu’à long terme les médicaments qu’il m’a prescrits pour la dépression n’ont pas été inutiles puisqu’actuellement  je ne la vis que par épisodes et qu’elle ne m’handicape plus autant qu’avant. 
Mais à vrai dire pour ce qui est des traitements, outre la chimie, j’ai surtout reçu de mauvais conseils. En d’autres situations, j’aurais certainement analysé avec plus d’acuité ces conseils. Mais la situation m’a poussé à me raccrocher à n’importe quelle branche.
  • Certains m’ont conseillé d’arrêter complètement la chimie : l’effet a été désastreux !
  • D’autres m’ont conseillé de venir les voir pour parler quand j’en sent la nécessité. Ce conseil, avec le recul, me semble inamical (sauf s’il vient d’un spécialiste, ce qui n’a jamais été le cas). C’est une manière de dire « débrouille toi et, si tu veux, on est là pour t’aider). Or, à mon avis, l’amitié ou l’amour doit conduire spontanément à la souffrance de l’autre et non pas attendre que l’autre la confie. Il y a là quelque chose qui ressemble à Ponce Pilate se lavant les mains. Le mot « spontanéité » me semble parfaitement approprié. Dans cette phase j’ai eu des amies (j’en parle au féminin car je n’ai pas ou très peu de véritables amis masculins. O.C. si tu lis ces lignes tu te reconnaitras dans cette exception. Idem pour mes enfants) qui ont régulièrement pris de mes nouvelles, qui sont venus me voir, qui m’ont écouté et m’ont laissé parler sans insister sur les niaiseries du type « la vie continue». Niaiserie, car le fait que la vie continue est une évidence. Ce qui importe est de savoir comment la vivre et de se débarrasser de la morbidité qui l’accompagne.

En fait, le meilleur remède, je l’ai trouvé tout seul, en me disant (et en appliquant la maxime correspondante) : «Puisque la vie continue, ne refuse rien d’agréable, quel que soit le déplaisir immédiat que peut te procurer cette opportunité ». Et ce dans tous les domaines. Mais avec des limites évidentes  qui touchent à la moralité, à l’éthique et à la peine que l’on peut faire à d’autres.
Maintenant je vis ainsi. J’ai des plaisirs et des déceptions. Des certitudes et des doutes. De l’anxiété (beaucoup !). Mais je vis.
« Hoc erat in votis ».

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